En 1975 Claudine Bories crée et anime une des premières salles de cinéma art et essai en banlieue parisienne, Le Studio d'Aubervilliers. Elle se lance ensuite dans la réalisation, avec une série de films travaillant la forme documentaire à la frontière de la fiction. FEMMES D’AUBERVILLIERS (1975), THÉÂTRE (1977), JULIETTE DU CÔTÉ DES HOMMES (1981-Grand Prix au cinéma du Réel, sélectionné au Festival de Cannes), qui ressemble à Jean Gabin, BONDY NORD, C’EST PAS LA PEINE QU’ON PLEURE (1993), portrait tendre d'un quartier de banlieue. Entre 1985 et 2002, elle codirige avec Jean-Patrick Lebel "Périphérie", Centre régional de création cinématographique, consacré au cinéma documentaire et y crée les Rencontres du cinéma documentaire.
En 1991, elle fait partie des 180 réalisateurs signataires du manifeste "Résister" qui donnera naissance à l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion), dont elle est une des fondatrices. De 1994 à 1997, Claudine Bories participe à la fondation d’ADDOC (Association des cinéastes documentaristes) dont elle sera vice-présidente pendant deux ans. C’est dans ce contexte qu’elle rencontre le réalisateur Patrice Chagnard avec lequel elle collabore artistiquement à partir de 1995 et coréalise depuis 2005. "Filmer pour nous c'est d'abord prendre parti. Et prendre parti, c'est toujours et encore choisir." Cette phrase de Claudine Bories et Patrice Chagnard résume bien leur démarche de documentaristes. Souvent social, parfois intime, toujours engagé, leur cinéma est tourné vers l'Autre et destiné aux autres. La particularité de leur démarche est d'avoir réussi le pari de la co-réalisation après avoir eu, chacun de son côté, deux parcours de création différents. Catherine Bizern écrit à ce sujet en 2017 : "Leurs films communs construisent un espace filmique dans lequel il est possible d’explorer le territoire de l’autre sans jamais le réduire, un espace où la réalité prend forme de légende. […] l’ensemble de leur œuvre raconte une histoire, celle d’une mémoire collective, celle des invisibles, des sans voix dont ils ne cessent d'être les témoins."