Le Court Métrage en Angleterre

Les plus grands réalisateurs (Alfred Hitchcock, Richard Lester, Terry Gilliam ou Mike Leigh) en ont tourné à un moment ou à un autre de leur carrière.

Une forte tradition de court métrage existe en Angleterre. Les plus grands réalisateurs (Alfred Hitchcock, Richard Lester, Terry Gilliam ou Mike Leigh) en ont tourné à un moment ou à un autre de leur carrière. Le court métrage anglais a marqué l'histoire du cinéma mondial : tout d'abord avec l'école dite de Brighton au début du muet puis le G.P.O. (groupe de documentaristes) dans les années trente et quarante et surtout avec les "Jeunes Gens en Colère" à la fin des années cinquante qui inventèrent un cinéma plus libre, le Free Cinema (Karel Reisz). Ce secteur, traditionnellement lié aux recherches formelles et aux premiers pas des cinéastes, permet chaque année l'éclosion de talents nouveaux. En Angleterre, on compte une demi-douzaine d'écoles de cinéma qui forment à chaque session plusieurs dizaines de réalisateurs . Tous les étudiants réalisent un court métrage de fin d'études, souvent très personnel, qui devient leur carte de visite pour leur intégration au monde professionnel. A cela, il faut ajouter tous ceux qui cherchent à exprimer dans la forme courte les histoires qu'ils ne pourraient raconter ailleurs pour des raisons de fond (sujet tabou, fiction onirique...) ou de forme (expérimentale, animée ou documentaire). Depuis quelques années, les noms d'Andrew Këtting, Chris Newby ou Constantine Giannaris revenaient souvent dans les discussions à propos du court métrage anglais. Il fallait aller vérifier sur place la qualité de leurs films. Nous ne fûmes pas déçus mais au contraire ravis par l'audace, le culot et surtout la maîtrise que ces jeunes gens ont su apporter à leurs premières œuvres. Notre coup de cœur fut la découverte de l'œuvre de Nick Park. Ce jeune homme timide de 35 ans, lauréat à deux reprises de l'Oscar du meilleur court métrage d'animation, sait provoquer l'enthousiasme des spectateurs grâce à la qualité de finition de ses films, leur humour, leur dynamique et surtout leur sens du cinéma. Peut-on imaginer qu'un même film soit un drame intimiste, raconte le cambriolage du siècle et nous fasse assister à la plus grande poursuite ferroviaire de tous les temps ? Ce cinéma plus visuel que bavard, sensible au non-dit et à l'intime, est un cinéma adulte et fier de l'être qu'il faut absolument découvrir. Jean-Paul Combe